Le Christ pose la question: « À quoi cela sert-il à un homme de gagner le monde entier et de perdre son âme?” (Matthieu 16:26) La réponse n’est pas difficile à déterminer. Cela ne lui profite à rien. La question est posée de manière à opposer la quantité à la qualité et à indiquer qu’aucune quantité de biens qu’un homme pourrait accumuler ne peut égaler l’importance de son âme.
Nous sommes impressionnés par les choses sur lesquelles nous pouvons compter. L’argent et les choses matérielles sont dénombrables. Ils sont généralement considérés dans notre société matérialiste comme mesurant la valeur d’une personne. Christ fait remarquer qu’en Son temps, comme en tout temps, la quantité, aussi grande soit-elle, ne peut éclipser la valeur qualitative d’une âme. Un centre de planning familial en Virginie a fait circuler un dépliant qui dit aux gens que “Votre Premier bébé coûtera autant que: 5 voitures de sport [ou] 100 voyages à la plage. »Christ avertit ceux qui quantifient la vie de sorte qu’elle soit dépréciée et rendue égale aux choses qui sont dénombrables.
Dans le domaine de l’astronomie, la taille immense de l’univers par rapport au point relatif où la vie existe semble indiquer que la vie n’est pas très importante, peut-être un accident cosmique. Sir James Jeans, l’un des plus éminents scientifiques des années 20th siècle, fait le commentaire suivant dans son livre, L’Univers Mystérieux« Il semble incroyable que l’univers puisse avoir été conçu principalement pour produire une vie comme la nôtre; s’il en avait été ainsi, nous aurions sûrement pu nous attendre à trouver une meilleure proportion entre l’ampleur du mécanisme et la quantité du produit. À première vue du moins, la vie semble être un sous-produit totalement sans importance; nous, les êtres vivants, sommes en quelque sorte hors de la ligne principale.” En tant que scientifique, Jeans voit tout comme de la matière. Il est mal placé pour comprendre que la vie humaine, aussi maigre soit-elle quantitativement, est le but ultime de l’univers.
Pascal avait une vision plus éclairée de l’être humain: “L’homme n’est qu’un roseau . . . mais c’est un roseau pensant . . . même si l’univers l’écrasait, l’homme serait toujours plus noble que son tueur, car il sait qu’il est en train de mourir et l’avantage que l’univers a sur lui. L’univers ne sait rien de tout cela. »L’homme peut recevoir et exprimer l’amour. L’univers ne peut pas.
La disproportion entre Dieu et l’homme est plus grande que celle de la disproportion entre l’espace de l’univers et l’espace alloué à l’homme. Pourtant, c’est un signe de la nature de la divinité que Dieu peut embrasser ce qui semble être la plus humble de Ses créations. Dans les mots de Joseph Ratzinger (plus tard le pape Benoît XVI), dans son ouvrage superlatif, Introduction au Christianisme, « L’esprit illimité qui porte en lui la totalité de l’Être va au-delà du « plus grand », de sorte que pour lui c’est petit, et il va dans le plus petit, parce que pour lui rien n’est trop petit. Peut-être que ce dépassement du plus grand et cette descente dans le plus petit est la vraie nature de l’esprit absolu . . . Les critères quantitatifs deviennent hors de propos; d’autres échelles deviennent visibles, comptées par lesquelles l’infiniment petit est le vraiment englobant et le vraiment grand.”
Les êtres humains ne parviennent pas à apprécier la valeur de la vie humaine lorsqu’ils la considèrent du point de vue de l’univers. De ce point de vue, la vie humaine semble si dérisoire. Ils ne parviennent pas non plus à apprécier sa valeur lorsqu’ils sont distraits par les choses palpables qu’ils peuvent posséder. Pourtant, comme nous le dit l’éminent théologien Hans Urs von Balthasar, “L’homme est l’être qui porte dans son cœur un mystère plus grand que lui-même. »Être ouvert à Dieu et être touché par Sa grâce permet à une personne de réaliser sa valeur inestimable. En revanche, comme le dit Balthasar, “Il est vrai que, chez le pécheur, ce sanctuaire est devenu négligé et oublié, envahi et transformé en sépulcre ou en tas d’ordures” (Prière, p. 19).
Lorsque nous observons les protestations inconvenantes pour l’avortement–pour la destruction de la vie utérine—nous sommes attristés que des êtres humains, faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, puissent renoncer à leur dignité et lutter contre ce qui les rend spirituellement complets. La vie a, en effet, été dépréciée, et les gens protestent violemment pour la garder bon marché. C’est un phénomène diabolique.
Statistique Canada a publié des données montrant que le taux de natalité moyen des femmes est tombé à 1,4 enfant par femme en âge de procréer. Il s’agit d’un niveau record pour le Canada et nettement inférieur au taux de 2,1 enfants considéré comme le taux de remplacement naturel d’une population. Susan McDaniel, professeure de sociologie à l’Université de Victoria, a déclaré à CTV News que ces taux de naissances plus faibles représentent une “bonne tendance”, non seulement pour les parents et la société, mais aussi pour la planète. Le dernier bénéficiaire est très douteux. La planète existe pour l’homme, pas l’inverse. D’ailleurs, la planète ne se soucie pas d’une manière ou d’une autre s’il y a moins d’enfants autour. Mais comparer la valeur des enfants à la valeur présumée de la planète est sûrement misanthrope.
Une vision catholique de la vie humaine reconnaît la spiritualité qualitative que l’homme a sur tout ce qui est matériel. Il comprend qu’il porte en lui le sceau d’un Dieu aimant et possède une âme immortelle. Les étoiles périront, mais l’âme humaine est impérissable. La tragédie qui se joue en ce moment est qu’il y a des gens qui ne protestent pas seulement contre la vie, mais aussi contre ceux, catholiques en particulier, qui comprennent la valeur incomparable de la vie humaine. Les catholiques doivent continuer à être des témoins dans un monde où les gens ont perdu de vue la valeur de leur propre vie ainsi que celle de leur progéniture.
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Image: Statue religieuse catholique de Notre-Dame de la Victoire à l’église catholique de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, Ratchaburi en Thaïlande en décembre 2021. Shutterstock / Immaculée